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Channel: Art – Le blog de Thierry Hay
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L'exposition qui fait sourire : Décalage Immédiat à la galerie Sakura

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Pour une rentrée en douceur, la galerie Sakura présente jusqu'au 08 janvier 2017, 36 artistes internationaux, plein d'humour et d'impertinence. Visite.  

La galerie Sakura ne s'en cache pas, elle aime ratisser large et organise des expositions pour un vaste public. Rien à voir avec ces lieux de présentation, qui ressemblent à des blocs opératoires où le quidam hésite longuement à pousser la porte. Après StarsWars, Batman ou les Vanités, Sakura propose une exposition joyeuse et impertinente : Décalage immédiat. Oser faire un pas de côté dans une société très formatée, je trouve ça plutôt intéressant. Je sors du métro Hôtel de Ville, la galerie se cache dans une petite rue, bien connue des amateurs de thé et de parfum, dans le Marais.

Ironie

J'entre. Il y a beaucoup de monde, un public très jeune. Les murs sont blancs ou gris. Le sol affiche un joli noir. Sur les visages, je découvre quelques sourires. J'approche. Sur un cliché de David Zaitz, photographe vivant à Los Angeles, un homme devant son petit pavillon passe la tondeuse à gazon. Derrière lui, une immense usine et ses multiples tuyaux crachant une épaisse fumée. L'homme porte un masque à gaz... Je pense à un dessin de Sempé, le ton est donné.

Un certain regard

Quelques mètres plus loin, je découvre une série de douze visages, du photographe portugais Rui Pinho. Cet artiste travaille en tant que designer et directeur artistique pour des agences publicitaires. Pinho rajoute, sur des photos de personnalités, des yeux qu'il découpe dans des comics ou des magazines. Et ça change tout. Devant moi Charlot, le commandant Cousteau, Barack Obama ou Gagarine (premier homme à effectuer un vol dans l'espace, le 12 avril 1961) prennent un air complètement hallucinés, de quoi nous faire douter de la conquête spatiale ?

Rui Pinho : Iuri G Buzz. Rui Pinho

Rui Pinho : Iuri G Buzz. Rui Pinho

Grand air

L' artiste Lithuanien, Tadao Cern, immortalise ses modèles dans des situations plutôt cocasses. Ses œuvres sont toujours extrêmement curieuses. Ici, il propose plusieurs portraits d'hommes et de femmes, dont il a déformé le visage à l'aide d'une puissante soufflerie. Le résultat est assez saisissant. Cette femme prend tout d'un coup un joli air chevalin assez inattendu.

Tadao Cern : Blow Job. Tadaocern

Tadao Cern : Blow Job. Tadaocern

Ridicule

Un autre photographe déforme les visages, mais lui, il utilise du scotch : Wes Naman. Il vit dans l'Etat du Nouveau Mexique aux Etats-Unis. Il expose huit photos dans lesquelles, chaque personnage qui pose, perd un peu de sa superbe, une façon de dire qu'il en faut très peu pour que l'humanité soit ridicule...

Naman Wes : Joy. Naman Wes

Naman Wes : Joy. Naman Wes

Du poisson au menu

La Fontaine se servait d'un corbeau, d'un renard, d'un loup ou d'une grenouille pour évoquer l'Homme. Anne-Catherine Becker Echivard utilise uniquement des petits poissons. Mais dans ses mises en scènes photographiques, elle dénonce les abus de la politique, de la société de consommation, des marchés financiers. J'observe une œuvre grand format, plusieurs poissons sont habillés en costumes et coiffés de chapeaux haute forme. Devant eux, une montagne de chiffres. J'approche pour regarder le titre : "Triple A"... A côté, une usine de préservatifs, histoire d'attirer notre attention sur l'importance de ce latex... "Sortez couvert" comme dit l'autre... Mais l'artiste nous distille tout ça avec de jolies couleurs et quelques petits poissons séduisants. Cette franco-allemande commence toujours par un dessin dans lequel elle détermine les lignes principales de la composition et les vêtements. Plus jeune, Anne-Catherine Becker Echivard rêvait de devenir photoreporter. Je trouve que ces poissons témoignent bien de notre monde et de ses difficultés. Ici, elle nous sensibilise sur le Sida. A travers toute son œuvre à écailles, elle met en avant l'importance de la sauvegarde des océans. Ces petits poissons mignons sont donc à prendre au sérieux...

Anne-Catherine Becker Echivard : I love you. Anne-Catherine Becker Echivard

Anne-Catherine Becker Echivard : I love you. Anne-Catherine Becker Echivard

Footeuses

Au fond de la salle, je reste perplexe devant un immense babyfoot-Barbie. Ce n'est pas l'œuvre que je préfère dans l'exposition, d'autant qu'il n'est vraiment pas mis en valeur. Il a été conçu par l'artiste plasticienne et designer indépendante Chloé Ruchon. Elle aime s'inspirer des objets du quotidien et se jouer des codes. Elle adore questionner notre mémoire collective et mettre en avant des contradictions, en inventant de nouvelles combinaisons. Un babyfoot-Barbie : il fallait y penser...

Chloé Ruchon : Barbyfoot. Chloé Ruchon

Chloé Ruchon : Barbyfoot. Chloé Ruchon

Soucoupes volantes

Monsieur Z transforme les voitures en soucoupes volantes, en leur supprimant les roues : un raccourci temporel plein de charme et de mystère.

Monsieur Z : Place Colette. Monsieur Z.

Monsieur Z : Place Colette. Monsieur Z.

Imprévu

Je jette un œil à cette photo pleine d'insolence, de Christoph-Martin Schmid. Comme il peut être content de lui, cet homme dans sa piscine, au dessus des autres, au dessus de la ville, sauf que le petit chien, au premier plan, trouble un peu la belle histoire...

Christoph-Martin Schmid : Pedigree. Christoph-Martin Schmid

Christoph-Martin Schmid
: Pedigree. Christoph-Martin Schmid

Technique et poésie

Un coup de cœur pour les œuvres subtiles de Laurent Rosset. Cet architecte est le créateur de l'application de retouche photo "LoryStripes". Il se décrit comme un rêveur et un perfectionniste. Il aime jouer sur le détail que l'on n' attend pas. Ici, il s'amuse avec l'inclinaison de la route, sur laquelle marche une silhouette féminine. Mais il rajoute aussi un immense échangeur, totalement imprévisible. Cette photo étrange est pleine de poésie.

Laurent Rosset : The sky is flat. Laurent Rosset

Laurent Rosset : The sky is flat. Laurent Rosset

Police et Pokémon

Il y a de plus en plus de monde dans la galerie, je décide d'aller voir la suite de l'exposition, au sous sol. Je dois emprunter un minuscule escalier noir : pas simple vu le monde dans le sens inverse. J'y arrive enfin et débouche dans une petite salle, où l'artiste Travis Durden imagine que le FBI a arrêté Pikachu et ses copains. Dans cette fiche de police, Pikachu, dont je découvre enfin l'empreinte digitale, est considéré comme dangereux...

Travis Durden : Pikachu. Travis Durden

Travis Durden : Pikachu. Travis Durden

Art ménager

A côté, le duo de photographes Philip Schaub et Derek Stierli, qui partage son temps entre Zurich et New York, expose cette photo dans laquelle les artistes portent une grande attention aux détails. Mais c'est au visiteur d'imaginer l'histoire...

Philip Schaub & Derek Stierli : Dean in the kitchen. Philip Schaub et Derek Stierli

Philip Schaub & Derek Stierli : Dean in the kitchen. Philip Schaub et Derek Stierli

Leçon de conduite

J'ai commencé par David Zaitz, je termine avec lui, car il encore présent au sous sol, avec cette photo pleine d'humour.

David Zaitz : First day. David Zaitz

David Zaitz : First day. David Zaitz

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à la galerie Sakura et c'est tant mieux. Cette exposition, qui regarde souvent du côté des surréalistes, est un petit bol de fraîcheur bienvenu.
Galerie Sakura : 21 rue du Bourg Tibourg. 75004 Paris

Du mardi au samedi de 12h à 20h

Les dimanches : de 14h à 19h

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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